• Notre camarade et ami, Francis Gransart, nous a quittés. La foule nombreuse à ses funérailles a rendu compte de l'étendue de cette perte. Voici le discours prononcé par Colette BECQUET.

    Au nom du Parti Communiste Français – cellule Loos

    23 novembre 2018

     

    Mesdames et Messieurs

    Chers Amis, Chers Camarades,

     

    Samedi soir, Yvon QUINTIN, informé par la famille nous annonçait le décès de Francis. La veille au soir,  lors d’une Assemblée Générale de section, nous avions justement parlé de lui par ce qu’il est l’un des rares vétérans du Parti Communiste Français ayant milité plus de 40 années sans interruption, d’appartenance à notre Parti et nous avions décidé  de la relance prochaine de l’amicale des vétérans.

    Nous le savions fragilisé par la maladie qui le minait lentement et pourtant il avait cette pudeur, rare, de ne jamais en parler. C’était un combattant fier, dur au mal, qui n’a jamais baissé les bras !

    Francis était un homme simple, joyeux, facétieux, généreux, entier mais aussi « chiant et attachant » comme le rappelle Yvon. Comme chacun le sait, il était très lié à sa ville de LOOS, à sa population et répondait à toutes les sollicitations.

    Né à LOOS, il y a 76 ans, il s’éteint au même âge que notre regretté Camarade Daniel HOUTTE, autre figure loossoise dont nous n’oublierons jamais le dévouement. Tous deux étaient liés par cette franche Camaraderie militante propre à notre Parti avec pour devise « un militant triste, c’est un triste militant ».

    Né de Marie et de Ferdinand, une famille ouvrière et communiste,  Francis avait le plus grand respect pour ses parents ainsi que pour ses deux sœurs Nicole, Francine et ses deux frères Jean et Michel.

     

    Comme son oncle Julien, Ferdinand, son papa, fut un jeune résistant patriotique devenu conseiller municipal communiste à la Libération aux côté d’autres camarades qui surent prendre leurs responsabilités durant la guerre quand d’autres se couchèrent devant l’ennemi : Marante, Vanhey, Truwant, Duthoit, Baron, Desmet, Ossieur et tant d’autres. C’est à leur initiative qu’une délibération municipale avait été proposée à Eugène Avinée alors maire de LOOS pour débaptiser la place Adolphe Thiers, (assassin de dizaines de milliers de communards parisiens), et la rebaptiser place de la Résistance. Nous poursuivons aujourd’hui cette légitime demande auprès de la municipalité de LOOS. Marqué par l’engagement de ses parents, mais aussi par sa rencontre d’Albert OUZOULIAS, Ftp, qui a écrit « les bataillons de la jeunesse » en 1967, Francis adhéra plus tard à L’Anacr de Lille et environs.

     

    Francis, fut un professionnel de la métallurgie consciencieux. Ajusteur  il bossait au dixième de millimètre près, comme il le disait. Travaillant chez DMS, une boite américaine aux Oliveaux et faisant de longs déplacements à travers le pays, en mai 1968 il organisa auprès de ses collègues de travail l’arrêt de la production. La victoire sur les salaires et les conditions de travail étaient au bout de ces semaines de grève. Puis il travailla ensuite à la SEMO rue du Pôle Nord devenue rue Simons à Lille-Sud. Il maria très vite son engagement dans l’action syndicale CGT dès son entrée dans la vie professionnelle, il en fut un délégué efficace et reconnu par ses pairs. Licencié, c’est tout naturellement et parce qu’il avait cette « conscience de classes » qu’il prit les premières responsabilités du « comité des sans emplois » à l’union locale CGT de Lille et environs, considérant qu’ils étaient toujours des salariés à part entière et qu’ils avaient des droits ! Il aura été adhérent de son syndicat comme de son parti jusqu’à son dernier souffle.

    C’est donc peu dire qu’il a consacré sa vie à lutter contre l’injustice et à défendre la liberté et la tolérance.

    Cet engagement et ce « goût des autres » a bien sûr, pris ses racines auprès de son papa, mais aussi dans la rencontre des voisins du quartier provisoire historique des « baraquements » à l’emplacement aujourd’hui des Oliveaux. Très jeune, soit vers 11/12 ans chaque dimanche, hiver comme été il vendait Liberté, ce journal régional communiste encore quotidien à cette époque. A ce propos, l’association « Les Amis de Liberté » rendra un hommage tout particulier à Francis pour son engagement sans faille à défendre la liberté d’expression, la défense des humbles, les idées de justice et d’émancipation humaine.

    Il portait à la presse communiste un fort attachement et d’ailleurs il y fut très longtemps responsable pour notre section. Ses Camarades de combat se souviennent tous de ces formidables ventes de masse. Parfois, souvent même, au lendemain d’une grande fête du parti à LOOS qui regroupait alors près de 300 convives, et, ne dormant pas pour aller chercher le journal dès 6 heures, nous diffusions avec Francis notre journal afin de tisser les liens avec les habitants de notre ville. Francis était toujours de la partie, pour les collages d’affiches qui se terminaient au petit matin autour du traditionnel rollmops. Rappelons-nous, « militer ce n’est pas triste … »

    Francis aimait la vie et la chaleur que l’on retrouve souvent autour des comptoirs, ces lieux importants de vie sociale. Ce n’est pas lui faire injure de dire qu’il les connaissait tous et que toutes ces patronnes et patrons de bistrot l’appréciaient comme il le méritait. Bon client bien sûr, mais il faut rappeler combien il savait intelligemment faire de la politique autour de lui, pour preuve s’il en fallait une :  c’est grâce à lui que Danièle, Delphine, Véronique, Isabelle ou encore son ami Jean-Yves et bien d’autres encore, participèrent amicalement à la plupart de nos repas festifs. Tous, nous pouvons en témoigner, ont exprimé un chagrin sincère en apprenant la disparition de Francis. Comme Sylvain du café le 91 à Ennequin qui se rappelle que Francis fut son tout premier client alors qu’il n’avait pas encore fini de déballer ses cartons.

    Son esprit de responsabilité, sa camaraderie, sa bonne humeur resteront marqués à jamais dans nos mémoires.

    Nous partagions son idéal : le bien-être du peuple avec comme dénominateur commun « l’Humain d’Abord » quand la finance et le libéralisme prennent le pas sur toute la société.

    Voilà en quelques mots le sens du combat de la vie d’homme et de militant qu’a menée notre camarade et ami : Francis GRANSART

    Yvon, retenu au congrès national du Parti Communiste Français à un moment important de son existence, aurait tant souhaité être présent aujourd’hui pour rendre hommage à son « bon vieux Camarade » avec qui, depuis 1973, il a fait ses premières armes et qui aura partagé un peu, beaucoup de la famille Quintin avec Guy, son frère trop tôt disparu  et Cédric, son fils, ici présent parmi nous.

    J’ai donc prêté ma voix à cet éloge. La population de Loos perd un de ses enfants, nous,  nous perdons un Camarade, un bon Camarade.

    A ses enfants Valérie et Fredéric, à ses petits-enfants ainsi qu’à toute la famille, je tiens au nom de l’ensemble des Communistes, du journal Liberté-Hebdo à exprimer nos condoléances émues et les assure de nos sentiments affectueux.

    A toi Francis, notre camarade, notre frère de luttes, je veux te dire au nom de ton parti, de ton syndicat CGT et de tous tes camarades et amis, que tu nous manqueras.

    Nous avons entendu tes chansons préférées que tes enfants ont choisies en pensant fortement à toi. Tu aimais également cette chanson de Michel Fugain, Le chiffon rouge, permets-nous de la partager une dernière fois avec toi.

    Salut Francis.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique